Mis à jour le 18 septembre 2025
Le vaisseau Fantôme
Le mot du Capitaine

Naufrage annoncé
La Frégate n’est plus qu’un vaisseau Fantôme, mais son ombre flotte encore sur cette friche de terre située avenue du Général de Gaulle.
Elle symbolise désormais pour nous l’errance urbanistique et architecturale qui règne sur notre cité depuis si longtemps.
Il est des croyances et des superstitions partagées par les marins à la suite du naufrage d’un bateau.
Ainsi dans le vaisseau fantôme de Richard Wagner, le responsable du naufrage entend une voix venue du ciel lui dire : « Puisqu’il te plait tant de tourmenter les marins, tu seras le mauvais esprit de la mer », d’aucuns se reconnaîtront.
Nous avons, pendant plus de deux ans, essayé de passer le Cap de Bonne Espérance, sans succès, nous y avons cru grâce à vous, adhérents, sympathisants et amis, qui nous avez soutenus, soyez-en remerciés.
Rappelons-nous que :
Il n’est point besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer.
D’autres combats, nous attendent, hissons le JOLLY ROGERS !
La goélette du mouillage d’à côté
Affaires maritimes
Bien sûr, l’équipage de la goélette du mouillage d’à côté ne voit pas d’un bon œil débarquer un paquebot, comme tant d’autres, trop d’autres, qui se mettent à hisser pavillon dans nos eaux thononaises…
Et même si celui-ci se nomme… « Frégate », nous ne sommes pas dupes ! Rien à voir !
Mais bien davantage que l’arrivée de ce paquebot, c’est la destruction de la Frégate qui nous révolte et nous attriste….
« Elle était mon paysage. Depuis l’enfance. Majestueuse, fringante, postée là depuis 1933 comme un repère, la vigie du quartier…
Je me souviens qu’elle nous intriguait, nous fascinait… Si différente, si hardie, si blanche, si élégante…
Le parc était un terrain de jeu, point de haies ni de grillages autrefois ! Nous pouvions courir de chez l’architecte Roy à l’architecte Besson qui encadraient ma petite goélette Flora…
Nous étions particulièrement subjugués par le solarium… dont le nom seul avait un petit air de villa d’Hollywood ! »
Mais… foin de la nostalgie… Il nous faut maintenant protéger frégates, navires et autres caboteurs exposés aux vents mauvais…
Et qui sait… Peut-être le nouvel équipage du paquebot sera-t-il sympathique et amical ? Nous lui raconterons toute l’histoire…
Dessine-moi un bateau !
La Frégate et l’architecte
Le Dauphiné Libéré
Chablais/Série estivale (2/4)
Par Marius Guillemot, vendredi 29 août 2025
Les villas Modernes du Léman : l’âge des lignes claires (1920 à 1939)
Durant l’été, Le Dauphiné Libéré consacre une série d’articles aux habitations construites dans le Chablais en relation avec le lac Léman, ayant toutes en commun une recherche de la vue sur le lac. À travers quatre périodes, l’intention est de plonger dans l’évolution de l’architecture et des influences au fil du temps.
L’entre-deux-guerres bouleverse l’architecture résidentielle lémanique. Fini les ornements Belle Époque, place aux lignes épurées et aux volumes géométriques. Cette évolution n’est pas seulement esthétique mais aussi technique : la cheminée disparaît au profit du chauffage central, l’éclairage électrique domestique se développe. L’usage du béton armé permet de concevoir des portées plus grandes et une mise en oeuvre simplifiée. L’inspiration n’est plus liée à une romance de la Renaissance mais à l’industrialisation triomphante : paquebots transatlantiques, aviation naissante et automobile transforment l’imaginaire architectural.
La villa Les Rioutes, édifiée en 1932 à Évian-les-Bains pour Émile Châle (1877-1952), s’inscrit dans cette modernité. Implantée sur l’avenue de Neuvecelle en contrebas de l’hôtel Royal, cette demeure conçue par Louis Moynat (1877-1964) rompt avec les codes traditionnels. Composée de trois niveaux surmontés d’un solarium arrondie sur le toit-terrasse, elle affiche une géométrie pure où dominent les lignes horizontales.
Les façades se composent de fenêtres d’angle, de fenêtres en bandeau ouvrant sur le lac, et d’œils-de-bœuf évoquant les hublots des navires. L’entreprise Félicien Giletto d’Évian assure les travaux de maçonnerie, tandis que la société Vion & Bouillot installe un chauffage central. Le solarium et son porte-à-faux sur le toit forme un véritable belvédère sur le lac Léman.
La tour Moynat : manifeste architectural
En 1933, Louis Moynat pousse cette recherche à son paroxysme avec sa propre demeure, la tour Moynat, située près du centre ancien de Thonon à proximité de l’établissement thermal. Cette réalisation personnelle révèle les convictions architecturales profondes de son auteur. L’ensemble comprend les bureaux de l’architecte implantés en bordure de l’avenue du Général de Gaulle (aujourd’hui démolis), son habitation-tour située en milieu de parcelle, reliés par un jardin aux formes rectilignes.
L’habitation-tour défie les usages : un immeuble de cinq étages coiffé d’un toit-terrasse. Chaque niveau se compose d’une seule chambre avec salle de bains et deux balcons avec garde-corps tubulaires métalliques. Ce rythme horizontal contraste avec l’élancement vertical de l’ensemble. La cage d’escalier dispose d’un ascenseur, pièce rare pour l’époque.
La composition claire de cette architecture, où prédomine la couleur blanche, s’inscrit dans le mouvement fonctionnaliste. Les fenêtres en bandeaux situées aux angles maximisent les vues sur le paysage. Dans un article de 1936 dans la revue L’Architecture d’Aujourd’hui, il est dit en parlant de Moynat « Celui-ci a décidé de construire en hauteur à cause de nouvelles constructions avoisinantes, aussi laides que gênantes, et qui bouchaient le panorama du lacac Léman et des montagnes. »
La Frégate : quand l’architecture navigue
La même année 1933, Félix Roy (1901-1963) conçoit « La Frégate » dans une logique résolument moderne. Située au 72 avenue du Général de Gaulle à Thonon-les-Bains, elle se distingue par sa géométrie audacieuse. Cette villa arbore un toit-terrasse et une courbe caractéristique qui lui confère un volume dynamique. Cette courbe signature sert de liaison entre les différents niveaux, générant une tourelle de circulation. Le dernier étage, conçu initialement comme un atelier, évoque une vigie sur le Léman.
L’architecture de La Frégate compose avec les codes du style paquebot : ouvertures en bandeau et même circulaires évoquant des hublots, façades aux angles arrondis, toit-terrasse pouvant servir de solarium. Ces éléments renvoient directement aux lignes des paquebots transatlantiques, sources d’inspiration majeures de l’époque.
Cette construction fut malheureusement détruite le 30 juin 2025 pour édifier un futur immeuble qui s’approprie cyniquement le nom « Frégate ». Au-delà de la perte architecturale, cette destruction interroge notre rapport collectif au patrimoine du XXe siècle. L’absence de mesures de protection profite à une stratégie qui ne réfléchit que très peu aux conséquences au long terme de ses actions.
Une modernité lémanique
Ces trois réalisations marquent l’émergence d’une modernité lémanique, où la recherche de verticalité héritée de la Belle Époque se conjugue avec les innovations de l’entre-deux-guerres. Même si cette architecture reste minoritaire, elle reflète un désir d’innover porté par le savoir-faire d’artisans capables de bâtir des édifices non conventionnels.
Marius Guillemot
Les contours de cette série sont détaillés dans une conférence présentée par son auteur, l’architecte Marius Guillemot, vendredi 19 septembre à 18h30 à Évian-les-Bains (villa Châtelet) dans le cadre des Journées du patrimoine,
Repères
- 1927 Hôtel Savoie et Léman à Thonon-les-Bains, architecte Louis Moynat (1877-1964)
- 1932 Villa Les Rioutes à Evian-les-Bains, architecte Louis Moynat (1877-1964)
- 1932 Immeuble Clarté à Genève, architecte Le Corbusier (1887-1965)
- 1933 Tour Moynat à Thonon-les-Bains, architecte Louis Moynat (1877-1964)
- 1933 Villa Frégate à Thonon-les-Bains, architecte Félix Roy (1901-1963)
- 1936 Villa Hermone à Evian-les-Bains, architecte non-connu
1936 Bâtiment de la Poste à Evian-les-Bains, architecte Charles Meysson (1869-1947)
La Croisière s’amuse
Le rêve du mousse
Et si on la reconstruisait…
On l’appellerait la Frégate II
Elle serait en béton bien sûr, c’est possible, nous avons les plans.
Nous lancerions une grande souscription,
Nous demanderions des subventions, épaulés par les Services de l’État en charge
du Patrimoine.
Nous trouverions un terrain bien placé à l’entrée de la Ville offert par un généreux
mécène Thononais.
Elle serait à la disposition de tous ….
Bon , il est temps de se réveiller !
Les escales de la Frégate
Les dimanches de la Frégate

Prochaine escale : le dimanche 21 septembre dès 11h au 72 avenue du Général de Gaulle à l’occasion des Journées du Patrimoine 2025.
Nous vous attendons nombreux pour réfléchir à l’avenir de l’association et nous recueillir tous ensemble sur la dépouille de la Frégate (dress code noir svp).